Le Professeur – Festival de Tragédies

Le Professeur remonte le fil des dix jours qui ont précédé le drame. Dans cette rétrospective, chacun révèle ce qu’il n’a pas fait, ce qu’il aurait pu ou dû faire. Nul n’est meurtrier, et pourtant, c’est bien la somme des lâchetés qui a conduit à l’inéluctable. L’autrice, Émilie Frèche, nous fait sentir cette mécanique implacable avec une acuité saisissante.

J’ai choisi une lecture-performance à un seul personnage, car il fallait que cette parole morcelée prenne corps dans une seule voix, pour que l’on perçoive combien chaque être, à sa manière coupable, est le reflet de l’autre. Tout le monde avait raison, tout le monde avait tort. Qui mieux que Carole Bouquet, avec son immense talent, pour glisser d’un registre à l’autre, pour donner à entendre cette polyphonie des silences et des dérobades ? Avec la distance du jeu, elle nous permettra de saisir à quel point chaque protagoniste, dans son irréductible sincérité, a échoué à prendre ses responsabilités. Il est urgent, aujourd’hui, de mettre en scène ce qui nous bouleverse, ce qui nous traverse, ce qui, hélas, s’ancre dans notre actualité. Le théâtre permet cette mise à distance, cet espace où l’on peut voir, entendre, comprendre, ressentir. Le représenter, c’est déjà l’affronter. Réunir deux femmes d’exception, une autrice et une actrice, est sans doute la plus belle déclaration d’amour que je puisse faire au théâtre.

Le Professeur
d'Emilie Frèche - Mise en espace Muriel Mayette-Holtz
avec Carole Bouquet