Festival de Tragédies

Ils montent, ces cris, depuis les marches antiques, depuis l'éclat sec de la poussière, depuis les voix millénaires que le vent n'a jamais totalement fait taire. Après la première édition qui nous a tous bouleversés, L'Arène des coeurs revient, habitée par la même nécessité : faire entendre la tragédie, non comme un détour nostalgique, mais comme un chemin de vérité.

Plus que jamais, nous avons besoin du tragique. Dans un monde qui tremble, qui dérobe ses peurs sous les écrans, la tragédie nous offre une respiration. Une mise à distance. Elle nous rappelle - sans complaisance mais avec beauté - ce que signifie être humain. Fragile, mortel, libre aussi.

L'homme est un prodige et nous voulons le contempler, ensemble... tout comme le théâtre, cette célébration du vivant. Sur la scène, des héros vacillent, chutent, se relèvent parfois. Ils ne fuient pas leur destin. Ils l'embrassent, comme on embrasse l'orage.

"Il faut porter encore du chaos en soi pour enfanter une étoile qui danse" écrivait Nietzsche. C'est cela, la tragédie. Le chaos, oui... mais traversé. Sublimé.

Dans les Arènes de Cimiez, la pierre garde mémoire. Et c'est là, précisément, que nos voix trouvent leur juste écho. L'Arène des coeurs n'est pas un sanctuaire : c'est un théâtre de chair, de souffle, de regard. C'est un rendez-vous avec la beauté, la lucidité, et peut-être, une forme d'apaisement.

Bienvenue dans l'arène. Bienvenue dans ce battement ancien, et pourtant si proche.

Muriel Mayette-Holtz.